On ne va pas y aller par quatre chemins : je vous fais un petit retour en arrière sur mes (presque) 35 ans de vie. Comment j’ai grandi, comment je me définis, etc. Ouais, c’est le podcast de ma vie — façon newsletter, quoi.
Je suis née le 28 juin 1990, à Clermont-Fd, d’une mère coiffeuse et d’un père travaillant dans la restauration. Classe moyenne. À deux ans, mes parents se séparent, ne s’entendent absolument pas. Je vivrai leurs désaccords et la rancœur de ma mère jusqu’à sa mort en 2023. Un week-end sur deux, la moitié des vacances scolaires. Je suis fille unique jusqu’à mes 10 ans, puis arrivent mes deux frères et ma sœur. Je suis, jusqu’à ces fameux 10 ans, le “main character” de ma vie : je parle sans cesse, toute l’attention est sur moi, je suis plutôt futée, créative (la pyrogravure, les bracelets brésiliens et le métier à tisser n’ont pas de secrets pour moi), les amis de mes parents m’adorent, j’ai une relation incroyable avec les parents de mon père et une grand-mère maternelle que j’aime bien, mais qui a un bar — ce que je déteste.
Et puis, moi qui parlais beaucoup, qui prenais toute la place, on m’a fait comprendre — à l’arrivée de mes frères, à l’école, au quotidien — qu’il fallait se taire un peu, laisser parler les autres, ne pas bavarder en classe, ne pas couper les infos, ne pas parler à des inconnus. Alors j’ai arrêté. À ce moment-là, je me mets à écrire : j’ai un journal intime, je lis des livres avec des filles qui ont elles aussi un journal intime. J’y déverse tout ce qui me traverse : mes peines de cœur, mes amitiés, mes relations conflictuelles avec ma mère. Tout. Je veux vivre chez mon père, je ne m’entends pas avec ma mère. Je suis en colère contre elle, si dure avec moi. Elle tombe sur mon journal intime, où j’écris que je la déteste. S’ensuit une relation encore plus difficile. Je n’écrirai plus. Une sorte de carapace se forme, et je deviens timide. Une peur que les gens sachent réellement le fond de ma pensée ; j’essaie de garder la face, même quand j’implose. Je commence à faire le dos rond pour tout, à dire oui tout le temps. Pas vraiment de crise d’ado, de peur qu’on ne m’aime plus — ou pas. Ok, on est dans le deep !
Le collège se passe encore à peu près bien. J’ai des potes, je suis une élève moyenne. Ni brillante, ni larguée. Moyenne. On me dit souvent que je pourrais faire mieux, que j’ai des capacités. Mais je n’en vois pas l’intérêt. Je fais allemand, pour faire plaisir à ma mère. C’est un cauchemar. Je suis plutôt fainéante, je ne cherche pas à faire mieux, ça ne m’attire pas vraiment.
À ce moment-là, j’hésite entre deux grandes vocations : prof d’anglais ou pédopsychiatre. Voilà. (Un choix... vraiment.)
Je change d’école à mon entrée en seconde : passage du privé au public. C’est la liberté. Je redouble. Retour dans le privé. Première ES, spé anglais, puis terminale. J’ai mon bac au rattrapage. Toujours cette moyenne, je vous dis.
Mes parents, eux, veulent que je fasse des études. Ils ont bossé tôt, très tôt.
Vers 17–18 ans, je découvre la photo, dans mon coin. Et rapidement, elle prend de plus en plus de place. Je prends mes copines en photo, des mini events dans ma ville. Je ne me sens pas faite pour la fac. Mon plan, à ce moment-là : une école de commerce post-bac. L’occasion de partir à l’étranger, de quitter Clermont surtout, et de faire ma vie.
Je valide mes concours, je navigue dans un milieu qui n’est pas vraiment le mien. Je ne suis pas nulle, pas dans le top du classement, toujours dans cette moyenne.
J’ai tout de suite une appétence pour les choses jolies et bien faites, donc j’adore faire les mises en page, être sûre que les choses sont bien agencées. Je maîtrise Photoshop depuis mon adolescence, donc dès qu’il y a des petits trucs à designer, je m’y colle.
Pour mes 20 ans, je reçois mon premier reflex et c’est une révélation. Je veux tout savoir de cet objet, je l’adore, je l’ai toujours sur moi, il devient une extension de ma personne. Je veux faire des images qui ressemblent à Marie-Antoinette et Virgin Suicides de Sofia Coppola ; j’écoute Hong Kong Garden et Highschool Lover en boucle.
Je me rêve photographe, je me dis que je me suis trompée dans mes études.
Je ne me rappelle pas de grand-chose de mes études. Soit l’amnésie choisie, soit ma mémoire de poisson rouge. Je me souviens, en revanche, que lors d’un TD, on nous demande de choisir un métier et de faire un exposé dessus. Je choisis la direction artistique. J’ai 19 ans à ce moment-là et aucune idée que cette pensée va guider mes 15 prochaines années.
Très jolie écriture, légère et qui se lit super bien, alors que c’est ni plus ni moins qu’une sorte de journal intime, mais c’est très sympa ! Et certaines thèmes résonnent toujours : je n’ai qu’un enfant, je réfléchis si j’en veux un autre, je penche vers le non, et ton témoignage me rassure et continue à me faire aller dans ce sens : qu’on t’ait demandé de te taire à l’arrivée de tes frères .. c’est triste, je comprends quelque part, puisque tes parents devaient avoir beaucoup à faire ailleurs, mais moi je me dis qu’il vaut mieux que je garde mon énergie (limitée) pour respecter le caractère de mon enfant dans toutes ses facettes, plutôt qu’être au bord de l’énervement constant et de le faire un peu « payer » au plus grand. C’est inconscient, mais ça joue !
Trop hâte de lire la suite <3